Culture, éducation, scolarisation
/image%2F0995076%2F20220226%2Fob_86a13c_les-vans.jpg)
Pour une culture laïque
A rebours d'une croyance que tentent d'imposer à l'opinion ceux qui nous gouvernent, la laïcité n'est pas un dogme.Et la loi qui fonde en droit son inscription dans notre socle républicain est bien un compromis historique, le résultat d'un débat approfondi et d'un long travail politique.
On peut trouver sur le site de l'Assemblée nationale l'archive des débats qui ont conduit à la promulgation de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État.
La confusion du politique et du pédagogique.
Ceux qui traitent de manière séparée de ce qu’on nomme aujourd’hui « la culture », d’une part et ce qui relève de l’instruction et de l’éducation, d’autre part se condamnent à ne rien comprendre ni à l’une, ni à l’autre.
Culture, éducation, scolarisation.
Au fil du temps s’est consolidée une façon de parler de« la culture », un ensemble de conventions, de routines, de manières de s’entendre entre soi, partagées par les politiques, les techniciens et les milieux « artistiques » : une sorte de doxa « éclairée » qui n’aurait plus à rendre compte de ses convictions et des valeurs qu’elle promeut tant elle s’imposerait comme une évidence.
Quant à l’école (l’éducation nationale/l’institution scolaire/le système éducatif) elle semble être en proie à une « crise » qui n’en est plus une tant elle est permanente et qui engendre un frénésie de réformes, de plans et de lois.
L’unanimité et la grandiloquence qui auréolent le thème de l‘éducation artistique et culturelle appellent une vigilance critique quant au sens même de ces termes et au manque de continuité de l’action publique tant dans le domaine de l’action culturelle que dans celui de l’instruction publique.
Pour autant, je n'ai aucune prévention à l'égard de « l’art à l’école », de la nécessité des « enseignements artistiques » comme de « l’éducation artistique ».
Ainsi, en 2006, j’ai engagé, sans solliciter l’accord d’aucune « tutelle », l’établissement public de coopération culturelle que je dirigeais (ARCADI) dans la création du Forum permanent pour l’éducation artistique.
L'école de la confiance, machine de guerre contre la liberté pédagogique
Il y a quelques jours, je citais cette formule de Pierre Rosanvallon, interrogé sur le mode d'exercice du pouvoir par les responsables actuels : « Une démocratie à tendance technocratique mâtinée d’un penchant liberticide »
De fait, les libertés et les service publics sont l'objet de rudes attaques et l'undes plus zélés des acteurs de ces politiques, l'ultra-libéral Blanquer, s'en prend aux fondations même de l'école de la République.
Idées reçues sur l'instruction publique.
Dans « L’école d’aujourd’hui à la lumière de l’histoire », l’historien de l’éducation Claude Lelièvre nous propose de prendre du recul sur les représentations que nous avons de l’école.
En multipliant les sources historiques, Lelièvre vient bousculer la vision dominante sur les fondamentaux, sur Jules Ferry, sur la pédagogie, le bac, les notes, les vacances…
Culture, éducation, droits culturels.
ET SI L’ÉCOLE PARTAGEAIT LA CULTURE ?
Et si elle partageait au moins le questionnement culturel ? Cette paraphrase du titre de Serge Saada pose la question cruciale. L’école est évidemment culturelle, par nature et par mission. Mais quelle culture transmet-elle et partage-t-elle le plus aujourd’hui ? Quels sont ses arbitrages ? Osons le dire. Ils sont du côté d’une spécialisation des savoirs en raison de leur efficience supposée, pour assurer si possible, l’insertion professionnelle de tous. Savoirs utiles ou présumés tels. La culture telle que nous l’entendons, associant héritages et formes contemporaines pour ce qui est de l’art, traditions, lecture du monde, systèmes de pensée, expériences infiniment diverses pour ce qui est de la culture, ces savoirs considérés comme moins utiles sont beaucoup moins partagés.
Culture laïque et laïcité culturelle
Ces derniers temps on assiste à une instrumentalisation politicienne de la question de la laïcité – question qui, cela va de soi, a toujours été et restera nécessairement polémique.
Pour imposer leurs vues les actuels responsables de l'action publique font usage, sans vergogne, de l'inculture péremptoire et du fondamentalisme autoritaire.
Culture laïque et laïcité culturelle #2
Dans le premier des billets que j'espère continuer à publier ici sous le titre Culture laïque et laïcité culturelle, j'évoquais l'une des multiples occurrences dans les discours des responsables politiques des arts et de la culture où se trouvent articulées laïcité et valeurs spirituelles. Et ce, antérieurement au souffle inspiré d'André Malraux au sujet de l'art et du sacré.
Lorsque « les Beaux arts » étaient encore sous la dépendance du ministère de l’Éducation nationale, la pionnière de la décentralisation théâtrale exprimait déjà clairement une approche laïque et , en même temps, spirituelle.
Culture laïque et laïcité culturelle #3
Sauf erreur de ma part, le meilleur ensemble de textes et références susceptible de fonder une culture laïque est l'anthologie que l'on trouve sur le site de l'Association des professeurs de philosophie de l'enseignement public (point à relever à l'heure de la caporalisation de l'enseignement public par le ministre et une partie de son administration!)
Culture laïque et laïcité culturelle #4
Au cœur de la diversité culturelle et de la multiplicité des appartenances de chaque individu singulier, les politiques publiques doivent créer pour tous les citoyens les conditions leur permettant de s'élever, de se libérer des conditionnements y compris les plus profondément intériorisés, ce qui constitue un appel à promouvoir ce que l'on pourrait nommer la laïcité culturelle.
A rebours d'une croyance que tentent d'imposer à l'opinion ceux qui nous gouvernent, la laïcité n'est pas un dogme.
Et la loi qui fonde en droit son inscription dans notre socle républicain est bien un compromis historique, le résultat d'un débat approfondi et d'un long travail politique.
Education artistique et culture laïque.
QUEL LIEN ENTRE LES PRATIQUES ARTISTIQUES ET LA QUESTION DE LA LAÏCITÉ ?
L’art n’a pas à être instrumentalisé pour telle ou telle cause. Il existe pour lui-même.
Mais alors que les tensions, voire les écarts entre les savoirs transmis par l’école et des transmissions ou pratiques au sein des familles peuvent se voir exacerbées, l’art est un recours précieux.
L’art permet de répondre autrement aux questions posées. Il n’impose pas d’absolu, n’entend livrer aucun dogme, aucune certitude.
S’il suscite la réflexion et éveille l’intérêt, il ne propose même pas de message, ou pas forcément en tout cas. Il n’est pas descendant, du maître vers l’élève, de l’adulte vers l’enfant, d’un sachant vers un apprenant : il est par nature une simple expérimentation sensible, égalitaire entre tous.