L'angle mort de la bonne volonté "culturelle".

Publié le par Jean-Claude Pompougnac

La Cité des sens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La question de l’accès et du rapport des populations à l’art et à la culture est une problématique récurrente dans les préoccupations des responsables politiques et des professionnels des secteurs culturels, de l’éducation et de l’action sociale. Fondée sur des enjeux étroitement liés aux questions d’insertion sociale et de citoyenneté, la problématique de l’accès à l’art et à la culture recoupe un ensemble de notions complexes aux sens variables (démocratisation de la culture, démocratie culturelle, égalité d’accès à la culture, médiation, élargissement des publics, actions en faveur des publics spécifiques, diversité et droits culturels, pratiques artistiques et participation des habitants à la vie culturelle…). Elle transcende ainsi la question des publics, des pratiques, des politiques d’offre et d’équipements.

 

Ce qui suit n'est pas tout neuf mais garde toute sa valdité !


Pour alimenter la réflexion des pouvoirs publics sur ces thématiques, le Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective (CGSP) – organisme rattaché au Premier Ministre, devenu en 2014 France stratégie – a demandé à l’Observatoire des politiques culturelles de mener une étude sur :

l’identification et l’analyse d’initiatives réussies en matière de développement de l’accès à la culture en France et à l’étranger.
 

L’étude a analysé des expériences innovantes d’accès et de participation à la vie artistique et culturelle conduites par divers types d’acteurs ainsi que de politiques qui tendent à résorber les inégalités d’accès à la culture (nouveaux équipements, actions « hors les murs » ou liées à des collectifs d'artistes, dispositifs d’éducation artistique et culturelle, etc.). Elle a visé à mettre en exergue les dispositifs et les stratégies mobilisés dans une vingtaine d’initiatives repérées en France et à l’étranger, pour alimenter en pistes opérationnelles et en « bonnes pratiques » les politiques en matière de démocratisation de la culture à l’échelle des territoires. 

Cette étude a été pilotée par l’
Observatoire des politiques culturelles. Elle a été conduite par une équipe de recherche pluridisciplinaire constituée autour de Lionel Arnaud, professeur de sociologie à l’université de Paul Sabatier de Toulouse, Vincent Guillon, docteur en science politique et chercheur associé au laboratoire PACTE-CNRS Grenoble, Cécile Martin, directrice des études à l’Observatoire des politiques culturelles, et réalisée avec 13 autres contributeurs (Charles Ambrosino, Jordi Baltà, Anne Gonon, Aurélie Guineberteau, Pierre Le Quéau, Per Mangset, Flaminia Paddeu, Nadège Pandraud, Samuel Périgois, Thomas Perrin, Jean-Pierre Saez, Mariette Sibertin-Blanc, Nur Yasemin Ural) .



Infographie de l'étude : télécharger

Etude complète : télécharger

Synthèse de l'étude : télécharger

EXTRAIT :

L'angle mort de la bonne volonté culturelle.

UNE ACTION CULTURELLE SANS PÉDAGOGIE

Traduction concrète de la démocratisation culturelle, l’action culturelle reste marquée par l’idéal malrucien de mise en contact direct des publics avec les œuvres, et cela, quels que soient les pays. Car si les projets étudiés se réclament souvent de l’éducation populaire, ils n’en restent pas moins fondés en grande partie sur une relation plus ou moins directe à des objets et à des œuvres, tandis que la réflexion sur l’accompagnement pédagogique, et proprement humain, apparaît comme le parent pauvre de la plupart des démarches observées. Les intervenants mobilisés sur les différents projets semblent en effet trouver dans les supports matériels – que ce soit des objets ordinaires et recyclés ou des technologies très avancées (notamment numériques) – et dans la volonté de favoriser l’interaction, l’intuition et la participation des publics, une façon d’éviter l’exercice d’un quelconque magister esthétique sans pour autant bousculer les mécanismes de la socialisation culturelle. Tout se passe alors comme si la volonté de ces différents acteurs de favoriser la « participation » et la « diversité » des « publics » contribuait à évacuer une réflexion sur les finalités précises et les modalités d’appropriation de leurs propositions culturelles par lesdits « publics », tandis que la réflexion sur des modalités pédagogiques qui seraient propres à l’action culturelle (i.e. détachées de la « forme scolaire ») apparaît comme un angle mort de la plupart des projets que nous avons étudiés. Devenue une référence obligée d’une action culturelle « renouvelée », la notion de médiation culturelle n’échappe pas à cette analyse. Centrées sur le public et ses motivations, les actions de médiation proposent rarement une réflexion poussée sur l’activité et les outils pratiques des médiateurs et des différents acteurs de l’action culturelle. Elles apparaissent autant comme un support de mise en relation avec des œuvres que comme un outil de communication des institutions ; la volonté de reconnecter des lieux, des objets et des personnages culturels avec des citoyens qui s’en éloignent, demeurant souvent l’objectif principal (...).

 

(Synthèse, page 100)

Voir aussi (et surtout) à la fin de l'étude complète (page 149) :

#04 Bilan et propositions prospectives.

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L
le terme "pédagogie" est peu adapté à la question , en tout cas, si on prend au sérieux les droits culturels des personnes.. il suffit de lire l'observation générale 21 ..Mais je ne suis pas certain que ce soit une référence de l'observatoire ! au fait, si on commençait par la définition de la culture , on perdrait moins de temps : https://e1.pcloud.link/publink/show?code=XZigfJZP4xjFWCw9Fj48Jp1s4yt2L5imqAk
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