Metoo à l’heure des passions françaises

Publié le par Jean-Claude Pompougnac

le monde de la culture et la domination masculine

 

 

Quand Télérama a un train de retard sur Nectart

Il y a un an déjà (hiver 2020) l’excellente revue Nectart  (n°10) publiait "un article vérité sur l’omerta face aux agressions sexuelles dans le milieu culturel"  : Sortir de la honte.
 « Le viol et les agressions sexuelles n'épargnent pas, loin s'en faut, le monde culturel, encore largement gouverné, sur ces sujets, par la loi du silence. Se vivant et étant regardé comme hors du commun, celui-ci partage pourtant les visions les plus rétrogrades et destructrices qui circulent dans la société française. »

Ainsi commence ce texte de Carole Thibaut, autrice, metteuse en scène et comédienne. Fort bien documentée, son analyse pointilleuse s'appuie sur des témoignages et des données tangibles qui, au final, en font un texte constructif et salutaire pour que les pratiques puissent évoluer dans le monde du spectacle vivant, où l'omerta prédomine encore largement. Parce qu'il nous a semblé devoir être partagé par le plus grand nombre, nous [la dite revue] avons décidé, avec son autorisation, de le mettre en accès libre sur notre site (lien ci-dessous). On ne saurait trop vous conseiller de le lire.


Lire l'article

 

Une "culture" qui s'oublie.

Il devrait aller de soi que « la » culture , comme on dit,  ne saurait cesser d’être un permanent renouvellement de l’exercice de recherche afin de se déprendre des conventions sociales et des impensés culturels. 


Très tôt ce blog, La Cité des sens s’est consacré à désenchanter l’autoproclamé « monde la culture » et l’aura sacrée qui prétend délimiter un territoire à l’abri des brutalités de l’univers profane.

Dans un billet du 9 janvier 2007, j'écrivais ceci :

Dans sa livraison de septembre 2006,  le magazine La Scène a publié un dossier « La Culture au masculin » à partir du rapport de Reine Prat : 

Mission EgalitéS. Pour une plus grande et meilleure visibilité des diverses composantes de la population française dans le secteur du spectacle vivant : pour l'égal accès des femmes et des hommes aux postes de responsabilité, aux lieux de décision, à la maîtrise de la représentation

A l’appui d’un article d’Anne Quentin, en encadré, un témoignage 

«malheureusement anonyme car il est impossible de dénoncer encore aujourd’hui (2007) les auteurs de telles pratiques qui bien entendu ne se laissent jamais aller à de tels propos publiquement ».

 

Lire la suite

 

 


 

C’est pourquoi de nombreuses notes de ce blog ont été consacrées à cette question, regroupées dans la rubrique Questions de genre

On aura donc pu lire ici sous le titre :

Le vivant spectacle du sexisme ordinaire.

deux autres textes de Carole Thibaut sur les mêmes sujets : la prééminence des mâles dans les institutions et le fait que la violence masculine n'est pas soluble dans "l'artistique"

En régime médiatique  (et dans la société du spectacle), l'émotion est de mise. Mais, soumise aux impératifs du présentisme, elle est nécessairement éphémère et oublieuse.

Marianne contre Télérama

 Pour ne pas conclure sur ces questions délicates et douloureuses mais attester que cette configuration médiatique et spectaculaire (attisée par les réseaux « sociaux ») exacerbe les passions françaises, j'invite mes lecteurs qui ne l’auraient pas encore fait à lire la tribune publiée ces derniers jours dans l'hebdomadaire Marianne, signée par une soixantaine de « personnalités » , venues d'horizon fort divers, dont les patronymes vont de B. jusqu'à W. -et donc pas jusqu' à Z !

"L'extension de l'idéologie #MeToo menace l'édifice démocratique"

Sa conclusion ?

Tout ceci doit nous alerter sur les enjeux et l’agenda d’un projet qu’on pourrait qualifier de métapolitique, en un sens issu de la pensée de Gramsci : une stratégie d’action efficiente dans le champ idéologique et culturel – médias, élites intellectuelles, institutions – avant la prise du pouvoir politique. C’est ce que nous voyons à grande vitesse se produire sous nos yeux, #MeToo en chef de guerre.

Pas moins !

 


 

 

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