Diversité culturelle et stéréotypes sexistes

Publié le par Jean-Claude Pompougnac

Dès potron-minet, au moment même où les premiers flocons dansaient dans le ciel encore aussi gris qu’un mariage du même nom sur la banlieue aux identités parfois douteuses aux yeux de certains,  ce matin donc j’entreprenais une longue traversée de la dite banlieue de Sud en Ouest pour aller donner un cours sur la diversité culturelle, l’Agenda 21 pour la culture et le développement culturel durable. Malgré le froid et le retard des RER, je me réjouissais d’aller enseigner aux jeunes générations qu’il n’y a pas que Malraux et Lang dans la vie et que la démocratisation de la culture n’est un horizon indépassable que pour le « monde la culture » hexagonal  et qu’on a bien le droit de penser de travers.

 

Bref, j’étais en forme et j’avais bien relu le dernier texte de Jean-Michel Lucas/Dr Kasimir Bisou qui avait accentué ma juvénile allégresse de sexagénaire en train de compter et recompter ses points de retraite.

Je m’emparai d’un quotidien gratuit, aussi direct que matutinal, et je découvris deux informations de nature à accroître ma joie de vivre et mon intérêt pour la diversité culturelle.

La première (page 4 ) montre que les collectivités territoriales savent souvent faire  bon usage de la clause  de compétence générale :

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ÉDUCATION

Les clichés sexistes dans le collimateur.

 

La Mairie de Paris veut en finir avec les clichés

sexistes dès l’enfance. C’est la raison pour laquelle elle

finance actuellement une campagne baptisée «Cassons les

clichés filles-garçons» qui s’adresse aux jeunes Parisiens,

de la maternelle au collège. L’objectif est de dispenser dans

les écoles, collèges et centres de loisirs des ateliers d’écriture,

de lecture, de théâtre qui permettront aux enfants de

s’interroger sur les stéréotypes liés au genre. Comme celui

de croire par exemple que les garçons sont plus forts en

maths et les filles en français. Les préjugés sexistes concernant

les matières, les tâches ménagères, les jouets, les

métiers… sont fréquents dans les écoles. Pour l’adjointe

chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative, Colombe

Brossel, il s’agit d’«éduquer les enfants le plus tôt possible

pour éviter plus tard des inégalités et d’éventuelles déviances».

Surtout, «il ne faut pas coller une identité sexuée trop forte

trop jeune. Après tout, il n’y a pas que les petites filles qui

peuvent jouer à la poupée», précise Noëlla Germain, de la

Ligue de l’enseignement de Paris, à l’initiative de la campagne.

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Et, je découvre un peu plus loin, page 8 exactement, la photo d’une chanteuse d’origine italienne qui doit tourner dans le prochain film de Woody Allen (je dis ça... rapport à la diversité culturelle) , sur fond de sapin de Noël richement décoré, tenant dans ses bras un volumineux paquet cadeau, sous laquelle figure la légende suivante :

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Carla Bruni-Sarkozy a mené hier la traditionnelle distribution de cadeaux du Noël de l’Elysée. La première dame a accueilli quelque 900 enfants de 6 à 9 ans venus de toute la France. Ceux-ci ont reçu circuits de voitures électriques ou pyramides de Playmobil pour les garçons, cuisines de fée ou coffrets de création artistique pour les filles. Copenhague oblige, tous sont repartis avec un petit livret sur le développement durable.

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J’espère au moins que les coffrets de création artistique réservés aux filles sont fabriqués par une entreprise française (à la différence des Playmobil ) sinon je cafte la première dame de France au Syndeac !

 

A part ça dans un registre voisin, j’ai reçu hier le numéro 24 (déjà !!!) de  l’excellente lettre d’information d’Arcadi (le mec qu’a eu l’idée de créer cette lettre d’infos électronique est un génie et mériterait qu’on augmente sa pension de retraite en conséquence mais ne rêvons pas !!!)

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Pour lutter contre les discriminations et les inégalités entre les hommes et les femmes dans les milieux de l'art et de la culture et, en particulier, dans le secteur du spectacle vivant, et pour faire évoluer rapidement et concrètement nos métiers vers l’égalité réelle et la parité, vient d’être créée l'association H/F Île-de-France.

Savez-vous que, malgré l’existence d’un nombre très important d’artistes femmes en France, 84% des théâtres cofinancés par l’État sont dirigés par des hommes, 97% des musiques que nous entendons dans nos institutions ont été composées par des hommes, 85% des textes que nous entendons ont été écrits par des hommes, 78% des spectacles que nous voyons ont été mis en scène par des hommes…
Ces chiffres sont tirés des rapports de Reine Prat (2006 et 2009) pour l’égal accès des femmes et des hommes aux postes de responsabilité, aux lieux de décision, à la maîtrise de la représentation, aux moyens de production, aux réseaux de diffusion, à la visibilité médiatique.

L’association H/F Île-de-France a pour but le repérage des inégalités entre les hommes et les femmes dans les milieux de l'art et de la culture et, en particulier, dans le secteur du spectacle vivant ; la mobilisation contre les discriminations observées ; l’évolution vers l’égalité réelle et la parité.
Pour ce faire elle se donne les moyens suivants : l'observation et la collecte de données, en son nom et avec l'aide de personnes physiques ou morales ; l'analyse des données, leur mise en perspective, l'organisation de temps d'échanges et de réflexion ; la transmission par la publication ou l'organisation d'évènements ; l’interpellation de tous les acteurs de la vie culturelle et artistique, des instances publiques et politiques.

 

 

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C’est bien, je trouve sauf peut-être l’égal accès à la visibilité médiatique… si c’est la même que celle de la chanteuse ci-dessus ou de son homme, je dis bof !

 

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Publié dans Questions de genre

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