Violence des échanges en milieu artistique
Sur le site du Théâtre 71 (Malakoff, Hauts de Seine), on peut lire ce billet d'humeur signé de son directeur, Pierre Ascaride.
J’AI SERRÉ LA MAIN
DE CHRISTINE ANGOT
Avignon, un pince-fesses chic sous des platanes séculaires pendant le Festival.
Une amie qui me veut vraiment du bien :
- « Christine, je vous présente Pierre Ascaride »
L’autre me regarde comme si j’étais un étron ; style :
« qui est ce ringard ? mais faut-il tous les connaître ?
Moi, Christine, je dois serrer tout ça ? »
J’attrape à contre-cœur la main qu’elle me tend. Froide, sèche, regard dur et méprisant, un physique de prof de fac dirigeant un DESS de management culturel (c’est comme ça que je les
imagine).
Après le gros Bébert me dit :
- « Alors, tu lui as serré la main qu’elle a touché la queue du comédien E*** ? Qu’avec, elle s’est homosexualisée avec Madame Marie-Christine et que avec son père, tu m’as compris ?
- Mais, Bébert, tu es bien con, elle se lave ! Je te serre pas la main quand tu as dormi chez Janine ?
- Eh oui, comme toujours, tu as raison, je suis con ! »
Et je m’en vais en me disant : Pourquoi mon père ne m’a t-il jamais sodomisé ? Avec le petit brin de plume que j’ai, j’aurais pu être sélectionné pour le Goncourt…
En fait, je ne me dis pas ça : même si la douleur doit être infinie, se faire un fonds de commerce littéraire glauque avec l’inceste, ça me débecte.
Ah ! Je l’ai dit… ça va mieux !
Pierre Ascaride
lundi 25 septembre 2006