Education populaire et action culturelle

Publié le par Jean-Claude Pompougnac

La Cité des sens, culture et politique, le blog de Jean-Claude Pompougnac.
Les configurations politiques et territoriales de l'action culturelle

Pour prolonger ma précédente note consacrée à l'ouvrage majeur de Guy Saez La gouvernance culturelle des villes, qui vient de paraître...

Elle comportait un lien vers les extraits que proposent les éditeurs (à savoir la Documentation française et le Comité d'histoire du ministère de la Culture) mais on peut aussi accéder très libéralement à deux contributions du même chercheur que l'on peut trouver sur Politiques de la culture, le carnet de recherches de ce même comité.

Elles concernent un point essentiel à l'analyse et la compréhension des politiques culturelles territorialisées : les tensions entre l'héritage de l'éducation populaires et les mises en oeuvre de l'action culturelle.


 

De l’enchantement des fondations à la Libération, à l’étatisation des débuts de la 5e République (1944 -1969)

 

"Aussi, la méthode que je vous propose consiste à pointer dans le cours de l’exposé quelques-unes des énigmes ou des problèmes qu’il faudra résoudre. Bien sûr, beaucoup de travail a été fait et je ne vais pas ici me livrer à un état de l’art mais j’imagine qu’il reste encore beaucoup de choses à faire. Et plutôt qu’un exposé chronologique qui détaillerait les manques et puis les apports déjà bien constitués, je propose de choisir quelques-unes de ces énigmes sur trois plans :
– Le plan des logiques symboliques : c’est montrer en quoi il y a conflit entre la logique symbolique de l’éducation populaire et l’action culturelle.
– Le plan des systèmes d’acteurs : c’est montrer comment se construisent ces systèmes et comment ils divergent.
– Le plan de la matérialité : c’est montrer leurs rapports différents à la matérialité des équipements, des administrations, de l’information".

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© SAEZ, Guy (2014) De l’enchantement des fondations à la Libération, à l’étatisation des débuts de la 5e République (1944 -1969). [en ligne] In : Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication, Centre d’histoire de Sciences-Po Paris, La démocratisation culturelle au fil de l’histoire contemporaine, Paris, 2012-2014.
Copyright Tous droits réservés – Ce texte ne doit pas être reproduit (sauf pour un usage strictement privé), traduit ou diffusé. 


 


 

L’impossible intégration de l’éducation populaire dans l’action culturelle (1970-2000)


"Je voudrais maintenant montrer quels sont les problèmes qui se posent au réseau de l’action culturelle, et au réseau de l’éducation populaire au cours des années 70. Une double dissociation vient miner en profondeur ces deux réseaux. Il y a d’abord une dissociation, provoquée par un conflit à l’intérieur du réseau de l’action culturelle entre une partie de ses responsables qui épousent plus ou moins le mot d’ordre de Roger Planchon en 1967 : « tout le pouvoir aux artistes » et ceux qui sont restés sur une ligne ancienne, qui est la ligne de l’éducation populaire au sein du ministère. Ils ont des postes, des fonctions d’animation à l’intérieur notamment des maisons de la culture et ils vont vivre toute cette décennie dans une tension qui va aller croissante. Elle culminera à la fin des années 70 et engendrera des séparations douloureuses, des crises graves. On assiste en effet à la « fin des animateurs » : les animateurs de toutes sortes qui étaient dans les institutions de spectacle pour travailler avec les groupes constitués, avec les coopératives de spectateurs, avec les collectivités publiques organisées, ces gens là vont devoir céder la place et ils le feront avec une grande souffrance et dans des conditions très difficiles.
J’ai été le témoin de ces conflits, par exemple à la maison de la culture de Grenoble entre 1978 et 1980 et je me souviens que les débats étaient tellement exacerbés, le conflit tellement profondément ressenti qu’il n’était pas rare que les gens en viennent aux mains. Les animateurs ont perdu la partie face aux « créateurs » : à la maison de la culture de Grenoble la direction s’est finalement décidée à licencier les animateurs pour que les créateurs puissent travailler tranquillement. Cette formule est un euphémisme pour signifier qu’enfin les créateurs prennent le pouvoir. Cette séquence a eu des répercussions politiques extrêmement importantes. Elle a provoqué à l’intérieur des partis et notamment à l’intérieur du PS de graves et profondes divergences, au niveau national mais aussi dans les exécutifs municipaux, comme à Rennes, par exemple".

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SAEZ, Guy (2014) L’impossible intégration de l’éducation populaire dans l’action culturelle (1970-2000). [en ligne] In : Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication, Centre d’histoire de Sciences-Po Paris, La démocratisation culturelle au fil de l’histoire contemporaine, Paris, 2012-2014.
Copyright Tous droits réservés – Ce texte ne doit pas être reproduit (sauf pour un usage strictement privé), traduit ou diffusé. Le principe de la courte citation doit être respecté.


 

[1971] Fait remarquable, on doit au Premier ministre J. Chaban-Delmas d’avoir fait pour la première fois, dans son discours d’investiture, une référence au développement culturel comme un des trois piliers de sa politique. C’est en effet la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’un premier ministre fait une déclaration de politique générale en faisant de la culture l’un des trois éléments fondamentaux de sa politique et je crois que cela sera la seule fois. Il n’y aura pas d’autre discours de politique générale de cette sorte.

Guy Saez

Politiques culturelles; la Cité des sens.
A SUIVRE

 

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