Archives automne 2004

Publié le par Jean-Claude Pompougnac

=== Note du 20 septembre 2004===

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ARTICLE PARU dans LIBE le 16 septembre 2004

Le théâtre craint les pressions régionales

Des professionnels redoutent `la fin de la gestion associative.

Par René SOLIS

«Une page est en train de se tourner dans la conception de la culture par l'Etat. Depuis près de cinquante ans, celui-ci était censé préserver l'indépendance de la création. Aujourd'hui la porte est ouverte à toutes les dérives. Il s'agit d'un véritable enjeu politique et d'un choix de civilisation.» C'est au Théâtre du Rond-Point à Paris qu'Ivan Morane, président de l'association Scènes nationales, qui regroupe la majorité de ces quelque soixante-dix établissements publics répartis sur tout le territoire, a lancé hier ce cri d'alarme.

Paradoxe : ce n'est ni la crise des intermittents, ni les incertitudes budgétaires qui alimentent cette fois l'inquiétude des responsables de théâtres publics, mais la mise en application d'une loi votée sous le gouvernement Jospin à l'initiative du sénateur communiste du Nord Ivan Renar. Celle-ci visait à créer des Etablissements publics de création culturelle (EPCC), nouvelle structure juridique censée offrir plus de rigueur et de transparence dans la gestion des entreprises culturelles que le statut associatif généralement en vigueur. Or, estiment les responsables des Scènes nationales, la perte du statut associatif pourrait se révéler lourde de dangers, notamment en écartant des conseils d'administration les représentants de la société civile (public, adhérents, fondateurs).

Ils craignent que le passage en EPCC ne renforce le pouvoir des élus locaux qui pourront désormais accéder à la présidence des établissements ­, au détriment de l'autonomie artistique et financière garantie par le statut associatif. «Depuis quelques mois, estime l'association, les tentatives se multiplient, qui visent à imposer ce bouleversement statutaire à certains établissements du réseau, sans qu'apparaisse en terme de gestion ou de fonctionnement une réelle justification de cette volonté.»

De fait, il semble que dans certains cas, le passage du statut associatif à celui d'EPCC serve à certains élus locaux de prétexte pour se débarrasser de directeurs jugés indésirables. Comme ce fut le cas, au printemps, pour Jacques Pornon, directeur de la maison de la culture d'Amiens.

Du côté du ministère, on affirme qu'aucune consigne n'a été donnée pour inciter à l'abandon du statut associatif au profit des EPCC. Pour sa part, le Syndéac (le syndicat des responsables de théâtres publics), qui a été reçu mardi par le ministre de la Culture, demande un moratoire sur la question.

FIN DE CITATION.

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Pièce à l'appui.

Motion votée par les adhérents du Syndeac

réunis en assemblée générale le 28 juin 2004.

Le Syndeac est profondément marqué par les récents exemples de

licenciements abusifs, parmi lesquels les directeurs du Théâtre de Nîmes, du

théâtre de Mazamet, du festival Octobre en Normandie, de l’opéra de Rouen,

de la scène conventionnée de Bourg en Bresse, de la Maison de la Culture

d’Amiens…), licenciements abusifs qui ont tous en commun le non-respect des

statuts et / ou la remise en cause de l’indépendance artistique du directeur.

Le Syndeac attend du ministre de la Culture, garant du respect de la

charte des missions de service public, qu’il rétablisse le fonctionnement normal

des structures mises à mal dans le respect de leurs statuts et qu’il provoque le

réexamen des décisions de licenciement des directeurs concernés.

Le Syndeac ne peut, en particulier considérer comme entériné le

licenciement de Jacques Pornon et demande que soient examinés attentivement

les éléments du conflit qui l’oppose à son conseil d’administration à la lumière

des statuts de la maison de la Culture d’Amiens.

Dans l’attente d’une définition claire des politiques culturelles - liée notamment

à la décentralisation - dans le cadre du projet de loi d’orientation pour le

spectacle vivant - le Syndeac réuni en assemblée générale, demande

solennellement la mise en place d’un moratoire immédiat sur toute modification

de statut et de label, et en particulier sur la mise en place d’EPCC.

Le Syndeac rappelle qu’il attend clairement de cette loi d’orientation la

redéfinition des missions de service public et des responsabilités entre l’État et

les collectivités territoriales.

=========== Note du 28 septembre 2004 =====

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Après l'association des directeurs de scènes nationales (et le Syndeac, voir le dernier numéro de la Lettre du Spectacle), voici venu le tour de la SACD :
Communiqué de presse
Paris, le 16 septembre 2004,

La SACD est attentive au maintien de l'indépendance de la création dans les scènes nationales

La SACD partage l¹inquiétude des directeurs de scènes nationales qui ont
alerté ces derniers jours le Ministre de la Culture et de la Communication
sur les menaces pesant sur l¹autonomie artistique et financière des
établissements culturels à l¹occasion de l¹instauration progressive des
Etablissements publics de création culturelle (EPCC).

Si la volonté d¹accroître la rigueur et de renforcer la transparence dans la
gestion des entreprises culturelles est un objectif légitime, partagé par
l¹ensemble des professionnels, il ne faudrait pas qu¹elle remette en cause
l¹indépendance de la création qui doit rester un principe essentiel dans la
mise en oeuvre des politiques culturelles dans nos régions.

Aussi, la SACD appelle de ses voeux un débat constructif et serein autour de
la nécessité de concilier les principes de la décentralisation culturelle,
de la gestion rigoureuse des établissements culturels et de l¹indépendance
de la création.

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========== Note du 27 octobre 2004=======

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Paris, le 26 octobre 2004

Comité de liaison des EPCC.

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L'Opéra de Rouen, ARTECA (Lorraine), MC2 (Grenoble, ARCADI (Ile-d-France) et La Commission du Film d'Ile-de-France, cinq de prermiers EPCC crées en France depuis le début de cette année se sont réunis pour examiner les difficultés communes qu'ils rencontrent. Ce premier rendez-vous vient ponctuer une période d'intenses échanges téléphoniques entre les directeurs ou les adminsitrateurs de ces structures qui, en créant ces nouvelles structures adminsitatives et juridiques rencontraient des problèmes inédits et devaient inventer des solutions.

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