Le vivant spectacle du sexisme ordinaire

Publié le par Jean-Claude Pompougnac

« Monde de la culture », domination et harcèlement sexuel : la violence masculine n'est pas soluble dans "l'artistique"

ACTUALISATION

 

Carole Thibaut - 13 juillet 2018 Avignon.

 

Voici le texte écrit et lu par Carole Thibault à Avignon :

"Je vous remercie pour ce Molière.
Probablement le seul Molière que je recevrai jamais.
Ce n’est pas une question de talent, il n’est pas question ici de talent.

Je suis désolée. J’avais commencé à écrire un truc rigolo.
Un de ces trucs pour lesquels on fait appel à moi de temps en temps.
Oh tiens si on invitait Thibaut. Elle est rigolote Thibaut. C’est une excitée rigolote. Elle nous casse bien un peu les coucougnettes avec ses histoires d’égalité femmes-hommes, mais elle est rigolote. Elle pique des gueulantes rigolotes, bien brossées. Et puis elle met des jolies robes. Elle porte bien. Elle fait désordre policé.
On devient vite le clown de service. Le bouffon du roi.
Et ici le roi, comme ailleurs, c’est la domination masculine.
Il a beau faire GENRE, le roi, il est et reste la domination masculine.
Et moi j’en ai ma claque d’être la bouffonne de service de la domination masculine.

Il y a deux ans, ici même, Thomas m’avait invitée à écrire et dire un texte sur l’absence des autrices, des auteurs femmes, donc, dans le festival d’Avignon depuis sa création. Plus précisément dans la Cour. La grande cour du théâtre. La cour d’honneur.
La Cour d’honneur c’est comme les Molière.
Quand tu es une femme artiste, une de ces femmes qui a la prétention d’être de ce côté-là de la création, je veux dire autrice, metteuse en scène, conceptrice d’œuvres, quand tu es une de ces bonnes femmes qui a cette prétention-là, tu sais que tout ça n’est pas pour toi.
Mets-toi bien ça dans le crâne, petite bonne femme créatrice : la Cour d’honneur et les Molière ne sont pas pour toi.
Ou alors tente le jeune public. Le jeune public ici c’est un endroit réservé aux bonnes femmes créatrices.

Il y a deux ans, donc, j’étais ici même en train de déblatérer un texte sur la quasi absence des autrices dans le festival In, à l’invitation de Thomas.
Cette année, deux ans après, Thomas joue dans la cour d’honneur, et moi je suis de nouveau ici, invitée cette fois par David, en train de déblatérer devant vous un autre texte censé être rigolo et bien enlevé sur la situation des femmes artistes-créatrices.

Il y a deux ans, j’avais encore l’espoir que ça change, puisqu’on en parlait, ici, dans le cadre du festival In justement, de la non représentation scandaleuse des femmes dans ce festival depuis sa création.
Il y a deux ans j’avais mis une belle robe et j’avais donc pondu un truc bien brossé, enlevé, rigolo, à la façon Thibaut rigolote. Et tout le monde avait bien ri. Et puis chacune et chacun était reparti à ses petites affaires après notre grande fête estivale du théâtre.

Cette année, deux ans après donc, la programmation du festival IN, hors jeune public, présente 9% d’autrices femmes pour 91% d'auteurs hommes. (Pour les deux spectacles jeune public elles représentent 75%.)

Cette année, deux ans après, la programmation "théâtre" représente 89,4% d'artistes créateurs hommes (auteurs et metteurs en scène) pour 10,6% d'artistes créatrices femmes.

Cette année, deux ans après, sur la totalité des spectacles et expo programmées dans le festival IN, on recense 25,4 % d’artistes créatrices femmes. Et encore on peut remercier la SACD qui exige dans les Sujet à vif la parité. Sans ces petites formes performatives de 30mn chaque, il ne faut rien exagérer non plus, on ne serait même pas à 20% d’artistes créatrices femmes programmées.

Je parle des spectacles, pas des lectures. Il suffit d’ouvrir le programme et de compter.

C’est ce que j’ai fait l’autre matin. 1 fois. 2 fois. 3 fois. Pour être bien sûre. Parce que je n’arrivais pas à y croire. Et puis après je me suis mise à pleurer. Moi la grande gueule rigolote je me suis mise à pleurer comme une conne.

On a beau être habituée, on a beau connaître tous les pièges, tous les cynismes, tous les détours de l’humiliation, être blindée, après tant et tant d’années de ça, il y a des fois où ça craque malgré tout. Mais franchement pleurer devant un programme du IN, c’est la honte. C’est minable même, à l’heure où peut-être un nouveau bateau rempli à ras bo
rd de femmes, d’enfants, d’hommes, de vieillards, sombrait en méditerranée, et avec lui tous ces êtres qui s’en allaient ainsi par le fond nourrir les poissons, nous épargnant d’avoir à partager avec eux nos richesses dégoulinantes de paradis de la consommation.
Bref.
C’est pas le sujet.
Ici nous sommes dans la grande fête du théâtre. Et je viens de recevoir un gros pavé.
Il faut sourire, mettre des belles robes, être joyeux, légers et quelque peu potaches.

Mais cette année, je suis désolée David, je n’ai pas envie de faire la bouffonne de service, en polissant ma colère brossée rigolote dans une joyeuse fête sur le genre, dans un festival, que certains journalistes, qui auraient mieux fait de faire leur travail de journalistes, ont qualifié de festival féministe.

Cette année, j’en ai ma claque d’être la copine sympa de tous les copains sympas, les copains qui ont plein de copines femmes, les copains qui interrogent le genre, qui interrogent tout ce qu’on voudra, pendant que rien ne change.

J’en ai ma claque de voir une majorité de femmes muettes, privées de paroles, venir s’assoir dans l’obscurité des salles pour recevoir là bien sagement la parole des hommes, la vision du monde portée par des hommes, dessinée par des hommes, en majorité blanc, en plus.


D’accord pour l’intersectionnalité des luttes. D’accord pour lutter contre toutes les injustices, contre toutes les discriminations, contre la binarité si stupide et pathétique qui gouverne notre monde contemporain si moderne, comme il gouvernait l’ancien. Mais comment se fait-il que toute lutte semble écraser et annihiler la lutte pour l’égalité des hommes et des femmes?

Comment se fait-il que cette lutte-là soit systématiquement écartée, remplacée par une autre lutte ? Les femmes se sont fait niquer à la révolution française. Elles se sont fait niquer durant la Commune. Elles se sont fait niquer durant le Front Populaire. Elles se sont fait niquer en 68. Et elles se font encore niquer au festival d’Avignon 2018, ce grand festival dont le thème revendiqué cette année est … le genre, et dont une des seules rencontres thématiques programmées qui aborde le sujet s’intitule « les femmes dans le spectacle vivant, doit-on craindre le grand remplacement ? » Je n’épiloguerai pas sur le concept de grand remplacement, concept xénophobe développé actuellement par l'extrême droite. C’est p. 27 du programme si vous voulez vérifier. Et si vous voulez y aller pour protester ça tombe bien c’est aujourd’hui même à 14h30 aux ateliers de la pensée.

Et c’est comme ça qu’on se fait niquer, depuis de siècles, des décennies, des années, des mois.
Ce n’est pas seulement sociétal, politique. Ça s’inscrit dans nos chairs, dans les recoins les plus obscurs de nos cerveaux, dans nos inconscients, nos subconscients. Cela gangrène toutes nos vies. Ce ne sont pas que des chiffres et des statistiques. Et pourtant ceux-là il faut les faire, les analyser, pour regarder bien en face notre humiliation, pour regarder bien en face le système qui nous exclue, au grand jour, aux yeux de tous, sans que personne n’y trouve à redire. Il faut les analyser, ces chiffres, pour avoir une grille de lecture précise du réel, pour comprendre ce qui se passe réellement. Quitte à se mettre à pleurer alors comme une conne, comme une pauvre fille qui y a cru cette fois, au grand amour, à la rencontre possible, et qui se retrouve au matin toute seule, après s’être fait niquer encore une fois.

Bon, on ne va pas jeter la pierre, ou plutôt le pavé, à Olivier. Où qu’il soit aujourd’hui, il doit déjà bouillir sur sa chaise. Et vue la chaleur qu’il fait... Il y a eu bien assez des curés qui ont fait cramer des femmes à cause de leurs vagins, on ne va pas se mettre à faire bouillir des artistes directeurs de festival à cause de leur programmation, simplement parce qu’ils sont un peu en dessous de la moyenne nationale.

Parce que dans la totalité du spectacle vivant aujourd’hui en France, 23% seulement des subventions publiques d’état vont à des projets portés par des artistes femmes, parce que qu’elles ne représentent que 11% des spectacles programmés sur toutes les scènes et parce qu’elles ne reçoivent que 4 à 12% des pavés, pardon des récompenses. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’état lui-même, le haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes.

Mais, après tout, sur les « scènes de l’institution » comme on dit, la part des autrices représente environ 22% et celle des metteuses en scène 35%. C’est loin d’être l’égalité, c’est sûr, mais bon on y travaille.
Mais pas ici. Du moins pas encore, apparemment.

Oui, cette année le IN fait Genre.

Parce qu’on peut revendiquer haut et fort la liberté d’être à loisir homme, femme, ou les deux mélangés, il n’en demeure pas moins que quand tu nais avec un sexe de femme, ou quand tu deviens femme, que ce soit par le grand tirage au sort de la nature – ah zut pas de chance t’es née avec un vagin - ou par choix, tu fais partie de la caste de celles qui se font baiser, niquer, nier toute leur vie. Parce qu’avant d’être un genre, la sexuation est un déterminisme physiologique, totalement arbitraire, qui, selon que tu reçois un vagin ou une bite à ta naissance, te prédétermine comme sujet dominant ou dominé. Parce que le phallocentrisme et le patriarcat sont les petits rois qui continuent à gouverner ce pays, et particulièrement ce petit milieu cultivé, si fier de son ouverture d’esprit, si fier de sa soit-disant liberté de création, d’expression, de choix, si fier de ses prérogatives, si donneur de leçon au monde entier.

Le phallocentrisme et la domination masculine sont la honte de tout le milieu intellectuel, artistique et culturel de ce pays. Ils sont la honte de chaque artiste de ce pays et d’ailleurs. De chaque institution qui ne respecte pas une juste redistribution de l’argent public. De chaque directeur de lieu, de galerie, de festival, qui ne fait que représenter et reproduire à l’infini la pensée dominante.


L’écrasement des femmes par les hommes est le premier crime contre la pensée humaine. Il produit des millions de meurtres chaque année. C’est un crime qui se perpétue depuis des millénaires, qui se poursuit partout et trouve ses racines malheureusement ici aussi, sur ces espaces sacrés du théâtre qui devraient être au contraire les lieux sacrés de la parole libre et émancipatrice.


Je ne veux pas de ta récompense, David. C’est comme un gros pavé reçu en pleine gueule.

Et hors les chiffres, désormais, sachez-le, nous ne croirons plus rien. Pour ne plus subir la honte de pleurer encore. "

Carole Thibaut - 13 juillet 2018

« Monde de la culture » et harcèlement sexuel : la violence masculine n'est pas soluble dans "l'artistique"

ou

#balayedevantlaportedetoninstitutionlabellisée.

 

 A propos d’affaires qui reviennent sur le devant de la scène et qui concernent le « monde politique », ce post de Carole Thibaut (directrice de CDN) sur Facebook. (16 mai 2016)

 

Non, il n'y a pas qu'en politique. On raconte, en culture, dans notre beau milieu artistique? Allez zou, je commence. Je ne donne pas de noms, pour ne pas lancer de chasse aux sorcières, et puis les dénonciations sur FB, ça pue. Mais ceux à qui il est fait allusion se reconnaîtront s'ils passent par ici. Et d'autres se diront que ce ne sont peut-être pas des comportements tout à fait normaux ni de toute impunité... Donc... ....Quand à ton premier engagement professionnel d'actrice, le metteur en scène, qui a presque trois fois ton âge, alors que tu déclines poliment pour la énième fois sa proposition de l'accompagner à son hôtel, te dit : "Tu crois que je t'ai engagée pourquoi? Pour ton talent peut-être? Je ne t'ai pas engagée pour ton talent, je t'ai engagée pour ton cul" ... Quand à ta première pré-sélection pour la direction d'un Centre Dramatique National (à l'époque les short lists ne sont pas encore obligatoirement paritaires, la plupart des candidatEs étaient seules contre 3 à 5 mecs), le directeur sortant te dit : " Tu ne vas pas t'emmerder à faire le dossier, tu sais bien que tu n'as aucune chance, que tu n'e.s là que pour le quota." ...

Quand un responsable théâtre du ministère de la culture, à qui tu exposes que tu voudrais candidater à la direction d'un Centre Dramatique National, te répond : "Un Centre Dramatique National, pour l'avoir, il faut y penser tous les matins en se rasant. Ah ah ah. Je dis ça, je dis rien". ...

Quand à un autre pré-sélection à la direction d'un théâtre, un des membres du jury te dit qu'il est furieux d'avoir du écarter des artistes brillants et méritants, tout ça pour respecter des quotas ineptes de bonnes femmes. ... Quand un haut responsable politique d'une collectivité territoriale importante te coince à la fin d'une réunion en te disant "Vous êtes conventionnée par la "(collectivité territoriale importante)", vous, non? Vous êtes en renouvellement cette année, non? Venez déjeuner avec moi ce midi et vous serez re-conventionnée direct." Et qu'il te faut 10 bonnes minutes pour t'en débarrasser, tandis que les autres participants se marrent tout autour. ... Quand un directeur d'un gros théâtre te dit "Mais pourquoi vous vous obstinez à vouloir faire de la création, quand vous avez à votre portée la plus belle des créations" en te tapotant le ventre au passage d'un geste pseudo paternalisto-pervers. ...Quand, lors d'un montage dans une Scène Nationale, le régisseur général, à qui tu viens de demander de faire bouger le réglage de deux projecteurs, te dit "eh bien elle va elle-même monter à l'échelle la petite dame, et nous on va rester en bas et se régaler." (Tu es en jupe ce jour-là). Et que tous les abrutis qui l'accompagnent ricanent, et même ceux de ton équipe de l'époque, parce que tu comprends, entre mecs, on est solidaires. ... Quand, alors que tu en es à ta vingtième mise en scène, un autre gros directeur de gros théâtre te dit : "C'est mieux. C'est beaucoup mieux. Je pense que pour le prochain tu seras au point." (Nous les filles on dit souvent Merci à tous nos papas, jusque tard dans nos vies) ...Quand un comédien te traite de mal baisée parce que tu refuses de "mettre la langue" dans le baiser que tu dois échanger sur scène avec lui. ...Quand un metteur en scène te traite de pute qui s'est tapée toute la planète théâtre parce que tu décroches une coprod qui lui est passée sous le nez. ... Quand un technicien te traite de mal baisée parce que tu lui dis qu'il y a eu des problèmes de conduite ce soir et qu'il faut faire attention à l'avenir. ... Quand un artiste te traite de pute qui s'est tapée toute la planète théâtre parce que tu arrives à la direction d'un CDN. ...Quand tu les emmerdes et que tu leur redis, à tous, ici.

Retour sur une déjà ancienne note de ce blog (avril 2011)…

Dans une récente livraison, le magazine La Scène a publié un dossier « La Culture au masculin » à partir de ce même rapport de Reine Prat

 

A l’appui de l’analyse d’Anne Quentin, en encadré, un témoignage « malheureusement anonyme car il est impossible de dénoncer encore aujourd’hui les auteurs de telles pratiques qui bien entendu ne se laissent jamais aller à de tels propos publiquement ».

 

Lors d’une fête de fin de saison en Ile-de-France, réunissant directeurs de lieux, compagnies et acteurs culturels, tous un verre à la main, l’occasion de se rencontrer, de prendre des contacts, de discuter. Je me retrouve nez à nez avec le directeur d’un CDN dans lequel j’ai travaillé deux mois auparavant. On se salue. Je lui fait part de mon intention de l’appeler à la rentrée, pour prendre rendez-vous afin de lui parler de mon projet en cours (une pièce à moi que je veux monter). Il recule, gêné, me dit qu’il a beaucoup de dossiers à gérer. J’insiste un peu en lui disant que tout cela je le sais, mais que venant de travailler dans le lieu qu’il dirige (un lieu public) il me semble logique et légitime de lui demander ne serait-ce qu’un rendez-vous. La réponse arrive : "Je sais que tu as un beau cul mais je ne connais pas ton travail ». Ce qui s’est passé dans ma tête, dans mon corps, dans mon cœur à ce moment-là est difficile à décrire. Un coup de poignard. La honte aussi. Honte d’avoir été déshabillée sans l’avoir choisi, de voir mon cul, ni, posé sur la table, comme dit Genet – oui, les mots ont ce pouvoir-là, de faire exister les choses. Il y a la colère aussi et le chagrin. Je me souviens que mes mâchoires se sont serrées. J’ai répondu sèchement, une pauvre réponse raisonnable : "Eh bien justement, tu peux lire. Il y a une pièce et un dossier ? Au moins tu connaîtras mon travail ».

Choquée, je suis aussitôt allée voir les copains. Je leur raconte la scène, à chaud, de plus en plus outrée. Au-delà de ma blessure de femme, je répète : « C’est un directeur de lieu public qui parle comme cela à une artiste défendant son travail ». Les copains compatissent, sans plus. Beaucoup me disent : « ben oui, c’est bien connu dans le métier, on sait qu’il est comme ça, un peu libidineux ». Et la fête continue.

 

 

Voir aussi sur La Cité des sens, la catégorie Questions de genre (colonne de droite)

 

 

 

 

¤

Votre blog a donné lieu à une création de notice bibliographique dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France.

Il lui a été attribué un numéro international normalisé

ISSN : 2270-3586

Type : document électronique, publication en série
Auteur(s) : Pompougnac, Jean-Claude (1946-.... ). Auteur du texte
Titre clé : La Cité des sens

Titre(s) : La Cité des sens [Ressource électronique] : le blog de Jean-Claude Pompougnac
Type de ressource électronique : Données textuelles et iconographiques en ligne
Publication : [Fresnes] : [Cité des sens], 2006-

Note(s) : Blogue. - Notice rédigée d'après la consultation de la ressource, 2013-11-14
Titre provenant de l'écran-titre
Périodicité : Mise à jour en continu
Indice(s) Dewey : 020.5 (22e éd.) ; 301.094 4 (22e éd.)
ISSN et titre clé : ISSN 2270-3586 = La Cité des sens
ISSN-L 2270-3586
URL : http://cite.over-blog.com/. - Format(s) de diffusion : HTML. - Accès libre et intégral. - Consulté le 2013-11-14

Notice n° : FRBNF43711075

http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb43711075f/PUBLIC

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