L’Île-de-France, nouvel eldorado des droits culturels ?

Publié le par Jean-Claude Pompougnac

Une actualité et un point d’histoire qui aurait pu sombrer dans un oubli fort dommageable. En bonus, la compilation de tous les posts consacrés, depuis des années, à la question des droits culturels sur La Cité des sens.

L'info : 

Directeur régional des affaires culturelles en Occitanie, Laurent Roturier prendra la direction de la Drac Ile de France à partir du 1er septembre 2019.

C’est écrit dans le journal.

 

Rappel : 

Le 12 novembre 2014, le Conseil économique, social et environnemental de la Région Midi-Pyrénées délibérait et votait à l’unanimité un avis élaboré sous l’autorité de la Commission « Santé - Social - Culture » intitulé Culture et lien social.

 

En conclusion de la séance, la parole a été donnée au représentant de l’État, directeur régional des affaires culturelles. Parole forte, qu'on en juge. J'avoue avoir été tenté de croire (et je continue à le faire que tous ses collègues, la (nouvelle) ministre et son cabinet partagent ses convictions. J'ai du rêver trop fort.

 

Intervention de Laurent ROTURIER

Directeur Régional des Affaires Culturelles de Midi-Pyrénées

Merci beaucoup Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Commission, Messieurs les Vice-présidents, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Économique Social Environnemental Régional de Midi-Pyrénées...

Et vous me permettrez, s’il m’y autorise, d’adresser un amical salut de filiation à Jean-Michel LUCAS qui est présent dans cette salle.

Les droits culturels sur La Cité des sens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je me garderai bien d’avoir la prétention de conclure vos travaux Monsieur le Président. Mon intervention ne sera qu'une intervention forcément modeste au nom de l’État, dans le respect de l’Assemblée qui est la vôtre et du travail que vous avez mené.

Respect par rapport aux objectifs ambitieux que vous vous étiez fixés.

(…)

Vous avez pris comme premier sujet pratiquement, parmi d’autres tout aussi importants évidemment, les grands enjeux, les grands chantiers, l’aménagement du territoire, la recomposition territoriale, vous vous êtes saisi dès votre installation du sujet culturel qui, pour moi en tant que Directeur régional, était un sujet tout à fait majeur.

(...)

J’entendais tout à l’heure dans les interventions cette question qui est au cœur des préoccupations : y aurait-il une culture élitiste, une culture pour quelques-uns et de l'autre côté une autre culture qui ne serait pas dans cette ambition d’élite ? Je ne vais pas me lancer là dans un grand débat sur la polysémie du terme culture et sur ce que ce terme peut regrouper, mais je ne peux que dire combien j’ai apprécié dans l’avis que vous avez formulé que vous ayez pris ce risque de dire de quoi parle-t-on quand on parle de culture, et d’avoir retenu la définition qui a été celle de la déclaration de Fribourg de 2007. Je trouve que le Conseil Économique a pris un temps d'avance tout à fait conséquent par rapport à l'action publique en général.

Vous avez retenu cette notion d’une culture qui regroupe les valeurs, les croyances, les convictions, les langues, les traditions, les institutions qui sont parfois décriées mais qui sont aussi les outils du vivre ensemble, les outils de la culture, ces institutions doivent être dans cette dynamique, et les modes de vie par lesquels une personne exprime son humanité. Cette définition doit nous guider et doit guider l’action qui est la vôtre dans votre rôle, mais aussi l’action de l'État dans le champ qui est le sien.

Pour la DRAC, pour le ministère de la Culture, pour l'État, les thématiques que vous avez évoquées nous obligent à revoir les modes d’action traditionnels, à les revoir dans la notion d’un triple respect : le respect que l’on doit aux capacités des personnes, vous l'avez développé longuement dans les avis qui ont été exprimés, le respect des œuvres, le respect des acteurs.

C’est cette notion de respect qui aujourd’hui est souvent la plus mise à mal, la plus bafouée, la plus violemment jetée en pâture. On le voit dans le quotidien, on le voit dans les pratiques et on le voit malheureusement dans les comportements de celles et ceux qui ont en charge de guider l’intérêt général. Dans cette époque de frilosité, dans cette époque de repli, dans cette époque d’inquiétude, dans cette époque de fragilité économique, la culture malheureusement se retrouve bien souvent comme étant le premier secteur dans lequel les remises en cause sont effectuées. Au niveau du ministère de la Culture nous accomplissons un travail interministériel qui intègre les questions de politique de la Ville, de Santé et d’Éducation, et nous avons développé ici en Midi-Pyrénées cette dimension des conventions Territoire Culture, qui sont destinées à aller sur des territoires où l’offre traditionnelle de la culture n'est pas la plus répandue.

(…)

Ce qui est important dans le travail que vous avez mené Monsieur le Président, c'est sa concrétisation et comment ce travail va pouvoir ensuite être pris en compte par les différents acteurs. Vous interpellez d’ailleurs dans votre avis le ministère de la Culture et la DRAC. Nous intégrons cet avis dans une période qui, contrairement aux idées reçues, n’est pas une période de recul de l'État ; les moyens d’intervention des services déconcentrés ont été non seulement maintenus, mais en volume légèrement augmentés, ce qui nous permet de pouvoir travailler de manière prévisionnelle sur les exercices qui viennent, en confiance et en partenariat avec les collectivités. L'action des ministres successifs, d’Aurélie FILIPPETTI, de Fleur PELLERIN, du gouvernement de Manuel VALLS, fait que la culture reste au centre des préoccupations.

(..)

Dans les préconisations que vous avez développées, j’en ai retenues plusieurs. La charte des valeurs partagées à l’évidence est une nécessité. Elle l’est d’autant plus que nous avons ici, dans ce territoire comme sur presque tout le territoire national, des équipements qui bénéficient de moyens importants de l’État, des collectivités, et le travail sur la charte des valeurs me paraît une nécessité qui doit s’engager immédiatement. Et je vous confirme, Monsieur le Président, la disponibilité des équipes de la Direction des Affaires Culturelles pour accompagner cette réflexion si l'assemblée délibérante du Conseil régional s’en saisit. Vous avez cette ambition de développer dans la charte la « capabilité » de la personne, de développer la palabre, évidemment ce sont des points dans lesquels on retrouve bien l'esprit de l’UNESCO et l’esprit de Fribourg qui nous intéressent et sur lesquels nous sommes disposés à avancer avec les collectivités.

Vous avez également dans les préconisations souhaité que les politiques publiques soient plus transversales, cela rejoint pour moi ce qui est une des priorités de l’État aujourd’hui en matière culturelle, c’est d’instaurer une réelle responsabilité partagée. La culture n'appartient pas à l'État, pas plus qu’elle n’appartient à tel ou tel niveau de collectivité.

Cette notion de responsabilité partagée est d’ailleurs au cœur des ateliers que le gouvernement va mener sur les territoires dans les semaines qui viennent dans le cadre de la réforme territoriale, et dans le cadre de la réforme de l’État. Il serait tout à fait intéressant et intelligent que Midi-Pyrénées, et peut-être Languedoc-Roussillon demain, en fassent un champ d’action tout à fait novateur. On trouvera bien les moyens de développer.

(...)

Enfin sur les questions d’évaluation, vous avez émis des préconisations qui ne peuvent qu’intéresser l’État. Non seulement nous agréons l’ensemble de votre avis pour avoir pu en discuter au fur et à mesure qu’il s’élaborait, mais nous en sommes demandeurs parce que la culture n'est pas l'affaire de l'État, la culture est un sujet qui doit nous réunir, qui doit nous rassembler et la responsabilité partagée de la culture est pour nous le vecteur essentiel de l’action qui sera la nôtre demain. En terminant mon propos, Jean-Michel LUCAS ne m’en voudra pas de lui emprunter cette citation, il rappelait dans un petit ouvrage ce mot de Georges PEREC « il n’y a rien d'inhumain dans une ville (ou dans la campagne), sinon notre propre humanité ». Je crois Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président, que sur cette réflexion-là nous pouvons ensemble bâtir une meilleure capacité des personnes et faire en sorte que la culture soit au cœur du rassemblement démocratique qui doit être le nôtre.

Je vous remercie.

 

On trouvera l'intégralité de cette noble intervention précédée de l'avis du CESER Midi-Pyrénées, fort bien charpenté, au demeurant, en cliquant ici.

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Et on comprendra mieux son contenu grâce à cet extrait de la page Remerciements de l'avis en question.

 

Les droits culturels sur La Cité des sens

 

 

 

 

 

 

 

Droits culturels : la compil de l’été.

Droits culturels et délibération démocratique.

 

A partir d’un texte qui définit les droits culturels de la personne, la FNCC propose de redéfinir les politiques culturelles des collectivités. L’idée est audacieuse et créée des réticences. Il s’agit de droits « de »… Et non pas de droits « à »…des notions comme la gratuité ne sont pas l’objet du débat. Ce qui est à combattre ce sont toutes les formes de discrimination qui tiennent des personnes â l’écart.

 

Repenser les enjeux des politiques culturelles publiques.

 

Jean-Michel Lucas : « Certains de mes amis m'ont demandé de résumer en 3 pages l'ossature de l'argumentaire que je défends pour repenser les enjeux des politiques culturelles publiques, loin des approches actuelles repliées sur les enjeux particuliers du secteur comme des   territoires ».

 

 

Jean-Michel Lucas : droits culturels et dignité humaine.

Dans un récent ouvrage, Jean-Michel Lucas, entend démontrer qu’un nouvel horizon est souhaitable et possible, face à la dérive de la culture, vue uniquement comme secteur d’activité. Il s’agit de « réagir contre un réalisme culturel bon vendeur, mais tueur d’humanité, qui réduit la culture à un secteur de produits à acheter et met au rencart le seul enjeu culturel ayant une valeur universelle : faire culture, c’est exprimer son humanité ».

 

A partir de quels principes légitimer l’action publique en faveur de la culture ?

« DU DROIT À LA CULTURE  AUX DROITS  CULTURELS »

 C’est le titre de la rencontre qui vient d’avoir lieu à Belfort et qui reprend certaines expériences fondées sur de « nouvelles » manières d’appréhender l’action culturelle, déjà ici largement évoquées. Résultats et défis d’une année de démarche interdépartementale d’observation  et d’évaluation des politiques publiques au regard des droits culturels

 

 

La République et les droits culturels

Le Sénat a adopté un amendement à la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République)

Avant l’article 28 Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

« Sur chaque territoire, les droits culturels des citoyens sont garantis par l’exercice conjoint de la compétence en matière de culture, par l’État et les collectivités territoriales ».

 

 

Quel avenir pour les droits culturels ?

 

Comme le savent ses fidèles lecteurs, le feuilleton de l'inscription ou non de la notion de « droits culturels » a été suivi avec attention par La Cité des sens.

L'aboutissement heureux pour les partisans de leur reconnaissance ouvre une nouvelle étape dont on peut souhaiter qu'elle contribue à sortir le « monde la culture » de son entre-soi, de ses complicités corporatistes et technocratiques et de ses routines grandiloquentes.

 

Droits culturels, études de cas.

J’ai signalé ici une tribune intitulée On est un certain nombre

Parmi les signataires de ce texte on retrouve deux des trois projets étudiés de manière approfondie dans un mémoire de master dont Jean-Michel Lucas m'a signalé l'existence (qu'il en soit publiquement remercié ainsi que le Dr Kasimir Bisou).

 

Droits culturels : continuons le débat.

 

 Le mérite des contributions évoquées dans cette note est de constituer un appel à la vigilance : la récente inclusion des droits culturels dans l’article 103 de la loi NOTRe, désormais une loi de notre République, ne saurait en aucune manière clore le débat.

 

Droits culturels : une longue histoire

 

 Il est peut-être utile de situer le débat récent sur l’inscription ou non dans la législation française du concept de droits culturels dans un horizon historique plus large que celui de la signature par la France, dans les années 2000, de conventions internationales portant sur la nécessité de reconnaître, protéger et promouvoir la diversité culturelle.

 

Des droits culturels (1968) aux droits culturels (2015)

 

Je voudrais continuer le parcours engagé dans ces notes précédentes, de façon à attirer l’attention sur l’histoire des notions successives ou sédimentées qui ont fondé et légitimé l’intervention publique dans les affaires culturelles.Toutefois, je ne suis en aucune manière historien. Il ne s’agit donc que « d’arrêts sur image »...

 

Droits culturels : débat public ou théâtre d'ombres ?

 

"Le défi lancé est tout autre : penser, ensemble, la différence par laquelle toutes les sociétés (en des modalités variables) ont séparé et séparent du quotidien ordinaire, un domaine particulier de l'activité humaine, et les dépendances qui inscrivent (de diverses manières) l'invention esthétique et intellectuelle dans ses conditions de possibilité et d'intelligibilité".

(Roger Chartier, 1991).

 

Droits culturels et développement durable.

 

Le paradigme du développement culturel, orienté par les valeurs de la démocratie culturelle, est entré en relation avec l’attention internationale accrue portée aux conditions d’un développement durable, depuis le rapport Brundtland (1987) jusqu’aux Déclarations de l’Unesco sur la diversité culturelle (2001, 2005), la fondation de l’Union des Cités et Gouvernements Locaux pour le développement culturel (Agenda 21 de la culture) et la Déclaration de Fribourg sur les Droits Culturels (2007).

 

Le politique, l’artiste, le sociologue et les droits culturels.

 

Je dis ça, je dis rien mais ça serait peut-être bien de repolitiser et re-historiciser l'inscription de ces droits dans les instances internationales, l'Etat de droit et la République française :

1. les génocides et l'émergence de la notion de crime contre l'humanité.
2. la critique du totalitarisme
3. la décolonisation
4. l'affaiblissement des idéaux comme la laïcité et l'éducation populaire.

Je dis rien.

 

 

Colloque Les droits culturels sont dans la loi... et après ?  organisé par les sénatrices Marie Blandin et Sylvie Robert le lundi 14 novembre dernier :

Nous souhaitons vivement que ce colloque ne soit qu'une première étape  dans la réflexion pour une mise en oeuvre concrète des droits culturels  aujourd'hui consacrés par la loi ; qu'ils deviennent réalité, grâce à la  volonté, à la créativité de toutes celles et de tous ceux qui croient en  leur pouvoir de transformation.

 

Jean-Michel Lucas a bien voulu me communiquer quelques documents qui attestent des formes prises par cette mise en travail sur le territoire de la Région Nouvelle-Aquitaine.
Je me réjouis de contribuer à les rendre accessibles (dans un champ gravement affecté par la maladie infantile de la grandiloquence, ce blog garde vivace l'exigence d'
analyses concrètes des situations concrètes).

La culture entre routines et controverse.

La pratique de la controverse est en quelque sorte une technique de combat… Intellectuel, bien évidemment. On peut aussi parler d’une mise en scène de la pensée critique. Elle peut être conçue concrètement comme un exercice de la pensée, destiné à explorer toutes les tensions contraires, voire contradictoires, qui constituent le fond d’un sujet dont on dit « qu’il fait débat »

 

 

 

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